Aujourd’hui, j’ai donc imaginé emprunter un cortège royal. Rien à voir avec ce que l’on trouve dans les papiers glacés où sur les tapis rouges se congratulent en smoking et robes de soirée des princes, princesses et starlettes qui se croient sortis de la cuisse de Jupiter, de l’oreille de Gargamelle ou des menstruations de Pippa Midleton…
Non, rien de tout cela. Mon tapis rouge à moi est de terre et de douleur, il connaît la pluie, le soleil et le vent. Et les rois dont j’ai rejoint la caravane viennent d’Orient. Voilà bien longtemps qu’ils sont partis, sans trop savoir pourquoi, simplement attirés par une bonne étoile. Je me plais à imaginer encore qu’ils viennent de trois continents, de France, du Tchad, du Liban. Ces trois rois et moi avons donc quelques petites choses en commun.
Et puis tous ces espagnols, traînant leurs chaussures sur les ultimes kilomètres comme les ouvriers de la dernière heure, je me réconcilie avec eux en les transformant : les uns en gardes du corps, les autres en porteurs, en musiciens, fifres et tambourins. Et les moins gâtés, je les affuble d’une face de chameau, il en faut bien pour ce rôle !
Ainsi va la caravane sur les routes de Galice, chargée de présents, fourbue mais heureuse. Elle se souvient des longs plateaux de Castille, du vent de Navarre, de la neige des Pyrénées, des beaux sentiers d’or et de feu en France, mais aussi, plus loin, du soleil africain, de la boule de manioc partagée dans le sable sahélien, des cèdres du Liban et de son huile d’olive. Le voyage était grand, mais la joie d’arriver l’est peut-être bien plus.
S’avancent les trois rois, et leurs riches cadeaux.
Et moi, et moi, et moi, avec tous mes fardeaux,
Le plus léger de tous c’est bien mon sac à dos.
PS : pour ce billet, 4 mots – ou expressions – me furent imposés, ainsi qu’un exercice de style. Celui qui par hasard les devinerait gagnera une carte postale de Santiago. L’auteur du défi est évidemment hors-jeu 😉